Un manifeste féministe puissant, visuel et profond.
╰☆ Résumé ☆╮
Lors d’un cercle en non-mixité, les figures mythologiques sous-cotées partagent leurs histoires et se rendent compte que les accusations de violences sexuelles envers les dieux se multiplient. Portées par un mouvement de révolte, elles destituent Zeus et s’organisent pour que les déesses prennent le pouvoir. C’est l’ère de #MeTooOlympe : les codes sont renversés et une société égalitaire se met en place, sans domination patriarcale.
À travers cette fiction, Noémie Fachan nous propose une relecture féministe de quinze figures mythologiques (Héra, Aphrodite, Athéna, Ariane, Cénée…), et nous offre une réflexion puissante sur notre société actuelle : justice réparatrice, aliénation parentale, backlash, wokisme, autodétermination de genre…
Bienvenue dans le monde d’après, l’ère post-#MeTooOlympe !
✿ Mon avis ✿
La Voix des Harpies, une bande dessinée audacieuse et esthétiquement sublime (de mon point de vue) est bien plus qu’un simple ouvrage visuel. C’est une véritable ode à la rébellion féministe, une exploration de figures mythologiques réinterprétées à travers un prisme moderne et engagé. L’autrice, par une maîtrise remarquable des mythes et figures antiques, parvient à tordre et subvertir des récits anciens pour en faire des appels à l’action, à la résistance, à la prise de parole.
La mythologie, utilisée ici non seulement pour son pouvoir symbolique mais aussi comme un véhicule de contestation, devient l’outil parfait pour dénoncer des injustices sociales, éthiques et féministes. La critique est acerbe, mais j’ai trouvé qu’il y avait quand même pas mal de trait d’humour, ce qui adoucit un peu la dureté des sujets abordés.
L’autrice, Noémie Fachan, aborde une multitude de sujets, dans la continuité de son premier ouvrage (L’oeil de la gorgone) : le syndrome d’imposture, la justice réparatrice, l’anuptaphobie, l’autodétermination de genre ou encore les fuckboys. Des concepts souvent modernes qu’elle met brillamment en lumière sous le prisme de la mythologie. Vraiment une vulgarisation originale qui reste accessible tout en allant assez en profondeur dans la définition des concepts et la mise en situation avec les déesses et autres figures qu’elle représente.
Ses recherches sont indéniablement profondes, et on sent que chaque référence, chaque image est le fruit d’une réflexion méticuleuse. Ce n’est pas un ouvrage qui se lit à la légère. Le texte dense, presque essai, peut rendre la lecture difficile si l’on tente de tout ingérer d’une seule traite. Personnellement, je conseille plutôt de savourer l’œuvre par petits morceaux : lire un extrait, prendre un moment pour réfléchir, et ainsi mieux saisir l’ampleur des messages.
« Il est temps d’allumer notre propre incendie » (p.36), une quote que j’aime beaucoup et qui résume très bien l’esprit du manifeste : un appel à l’action, à brûler les vieilles idées, à défier l’ordre établi.
La Voix des Harpiesest une œuvre à la fois esthétique et intellectuellement stimulante, qui mérite une lecture attentive et réfléchie. Les pages sont chargées, oui mais le contenu reste d’une profondeur remarquable et d’une beauté visuelle indéniable.
Partenariat non-rémunéré – Livre envoyé par la maison d’édition.
CHRONIQUE 954 – Avril 2025
- Parution : mars 2025
- Editeur : Leduc
- Nombre de pages : 128 pages
- Genre : Graphic/Essai/Mythologie & féminisme