Revue de presse de mars

Par Lebouquineur @LBouquineur

Cette revue s’ouvre avec Le Figaro littéraire du 6 mars où je repère un bouquin intéressant, semble-t-il, L’Hôtel de Daisy Johnson (Stock). « Des contes à ne pas lire la nuit (…) entre Stephen King et Le Projet Blair Witch, le livre fonctionne comme un piège. » Et c’est écrit « dans une prose enveloppante comme des sables mouvants ». Oh ! Oh !

Le Figaro du 13 mars fait état du conflit entre éditeurs et Meta. « Plusieurs syndicats du monde du livre accusent Mark Zuckerberg de piller massivement des œuvres françaises pour entrainer son modèle d’IA générative LLaMa. » Les syndicats réclament une compensation financière pour les auteurs dont les ouvrages servent à nourrir le programme Meta. Depuis 2013 le groupe de Zuckerberg est ciblé par une procédure similaire aux Etats-Unis et les Français ne vont pas s’arrêter là, d’autres acteurs vont être poursuivis pour le même motif. Affaire à suivre… dans Le Monde du même jour, qui ajoute une plainte supplémentaire concernant « la question des « faux livres » qui inquiète aussi le président du SNAC, François Peyrony. Les IA génératives, déplore-t-il, peuvent rédiger en quelques heures des livres entiers « qui entrent en concurrence avec les vrais livres d’auteur. » » Le journal rappelle néanmoins qu’en 2006, éditeurs et écrivains français avaient attaqué Google qui voulait numériser toutes les œuvres littéraires et Google avait perdu le procès ! Une affaire à suivre, encore…

Dans l’édition du 20 mars, une excellente critique du roman de Jean-Baptiste Del Amo, La Nuit ravagée (Gallimard) : « Un chef-d’œuvre du genre. Il confirme notre conviction de lire un grand écrivain. » Je n’insiste pas, j’en ai déjà dit tout le bien. On aura aussi lu un entretien avec Julian Barnes dont je retiens cette citation, « La lecture est un plaisir de jeunesse, la relecture un plaisir du vieil âge ! Un lecteur n’est pas plus intelligent à 65 ans qu’à 25, mais il est plus subtil. »

Le 3 avril le journal attire favorablement mon attention sur le roman de Sarah Bernstein, Obéissantes et assassines (Editions du Sous-sol), « un roman troublant et énigmatique qui hantera longtemps son lecteur ». Encore une bonne critique pour le recueil Nouvelles nocturnes (Rivages) de Bernard Quiriny, un écrivain qui vaut le détour, donc je note la référence.

Dans Le Monde du 21 mars, un article signale « Une fronde anti-Bolloré chez Hachette Livre. Les publications d’extrême droite de Fayard indignent des salariés du premier groupe d’édition français. » La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, la publication d’un livre de Xenia Fedorova, journaliste pro-Poutine et ex-présidente de la chaine Russia Today France, interdite de diffusion dans l’Union Européenne qui aujourd’hui anime une chronique hebdomadaire sur CNews.

L’édition du 28 mars m’apprend la naissance d’une nouvelle catégorie littéraire (?), la « LitRPG » (Acronyme issu de Littérature et Role Playing Game !) : « Un nouveau genre littéraire arrive en librairie sous le label Lorestone, créé par Editis, qui consiste en romans écrits au plus près des codes des jeux de rôle. » Le principe : « la LitRPG met au centre de son intrigue la progression de ses personnages au cours de séries pouvant aller jusqu’à dix volumes, où le héros doit progresser pour survivre, devenir le meilleur, battre tel ou tel ennemi. » Inutile de vous préciser que ça n’est pas pour moi et que l’éventuel futur argument avançant que ça fera venir les jeunes à la lecture me fait ricaner car si c’est pour lire des âneries sans rapport avec la littérature…

Sinon, pour en revenir aux livres, le canard nous vante le polar de l’Allemand Ivar Leon Menger, Dans la forêt du croque-mitaine (Belfond), « La résolution de l’intrigue est un coup d’éclat qui donne le vertige. » Autres promesses intéressantes, L’Assassin qui est en moi de Jim Thomson (1952) réédité chez Rivages/Noir, « la conscience d’un homme qui fait de toute femme une potentielle chair à baston » ! Et chez Folio 3Euros, C’est peut-être votre vie que vous sauvez de Flannery O’Connor, « l’une de ses meilleures nouvelles. Lecture urgente. » Moi je note ces références.

Dans le magazine LIRE d’avril qui vient de paraître, courte interview de Bernard Minier qui cite Mark Twain « qui disait déjà que le mensonge peut faire le tour de la Terre, le temps que la vérité mette ses chaussures. Que ne dirait-il pas aujourd’hui ! La vérité n’aurait même plus le temps d’atteindre ses lacets. »