Dans le ventre de Klara - Régis Jauffret

Publié le 20 avril 2024 par Nathalie Vanhauwaert

 Dans le ventre de Klara   -   Régis Jauffret



RécamierParution : 04/01/24Pages : 256Isbn : EAN : 9782385770570
Prix : 21.90 €
Présentation de l'éditeur
"Ce roman est constitué de faits et d'imaginaire comme un corps de chair et d'os." - Régis Jauffret

De juillet 1888 à avril 1889, Klara Hitler porte dans son ventre celui qui est destiné à devenir l'incarnation du mal absolu. Pour la première fois, la mère du monstre prend la parole sous la plume magistrale de Régis Jauffret, et nous confie le récit de sa grossesse funeste. 
Neuf mois de violence et de religiosité étouffante, desquels naîtra celui qui incarnera le nazisme et la Shoah. Neuf mois durant lesquels Klara est traversée, habitée, possédée déjà par l'innommable, partagée entre l'amour pour son enfant à venir et les visions qu'elle reçoit malgré elle des crimes que ce fœtus, une fois devenu homme, commettra contre l'humanité tout entière.
Peu d'auteurs ont su explorer l'indicible avec le génie narratif dont fait preuve Régis Jauffret. Lui seul pouvait faire ce voyage dans les abysses, avec la conscienceque seule la littérature peut explorer profondément l'âme humaine.
Un roman sombre, violent et magnifique.
L'avis de mon mari

Un enfant peut-il naître mauvais? Peut-il avoir été envoyé sur terre par le Diable pour commettre les pires abominations?

La mère d’Adolf Hitler, Klara, était très croyante, on dirait même bigote allant se confesser quotidiennement auprès de l’abbé Pabst un ecclésiastique dur et ancré dans cette dichotomie entre le Paradis et l’Enfer. 

Nous sommes en 1888 dans un village autrichien. Klara vit avec sa sœur Johanna, toutes deux femmes de ménage au service de son oncle et de sa femme Franziska et de leurs deux enfants.

Après avoir vu perdu sa femme, Oncle épouse Klara. Klara appellera toujours son mari Oncle renforçant donc la notion d’inceste et de possible dégénérescence. Oncle est un homme dur, violent, pratiquement sans sentiments et dont les relations intimes avec Klara peuvent être qualifiées de viol car le plus souvent non consenties par elle. Il est aussi radin, la maison est peu chauffée ce qui entraîne la maladie et la mort des deux premiers enfants de Klara. Finalement elle tombera à nouveau enceinte et donnera donc naissance au plus grand criminel du vingtième siècle.

Régis Jauffret nous fait très bien ressentir l’atmosphère anxiogène, étouffante et malsaine de cette famille peu conventionnelle. La peur aussi régit la vie de Klara et elle se réfugie dans la croyance chrétienne même si elle craint sans cesse le châtiment pour ses supposés péchés. Le livre est traversé par moments de passages relatifs à la Shoah. Si cela évidemment sert à faire le lien avec ce qu’il adviendra, après plusieurs reprises, ce procédé semble quelque peu artificiel même si on apprécie le fait que l’auteur ait lu de nombreux ouvrages à ce sujet. Ceci dit ce récit est extrêmement bien construit car peu d’informations existent quant à l’existence de Klara, elle même ayant détruit son journal. Une existence rude et glaçante où l’on découvre à de brefs instants des soupçons d’amour et d’humanité dans une vie de survie.