L'homme sans sommeil - Antonio Lanzetta

Par Khiad

Une villa mystérieuse et angoissante qui donne un livre qu'il est difficile de lâcher.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Bruno, treize ans, vit dans un orphelinat près de Salerne, et est soumis au harcèlement constant de ses camarades. Seule son amitié avec Nino, le petit nouveau qui prend sa défense, parvient à rendre son séjour dans l'institution supportable. L'été apporte un vent de liberté et Bruno et Nino sont choisis pour travailler chez les Aloïa, une riche famille des environs. C'est là que Bruno rencontre Caterina, une étrange petite fille qui vit au dernier étage de la maison et qui lui fait découvrir les recoins de l'imposante bâtisse. Mais le jeu prend vite une tournure sinistre : Bruno commence à être tourmenté par d'inexplicables cauchemars, qui le laissent exténué à son réveil. La mise au jour, dans la propriété des Aloïa, de plusieurs cadavres en état de décomposition avancée jette un voile inquiétant sur la villa et ses habitants. À qui appartiennent ces corps ? Et pourquoi tout le monde semble savoir quelque chose que personne ne veut révéler ? Cette histoire est celle d'une amitié, de souvenirs brisés et d'un tueur brutal qui se nourrit de la peur de ses victimes. C'est l'histoire de Bruno, et de l'été où il est devenu l'Homme sans Sommeil.



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Je voudrais tout d'abord commencer par remercier les Éditions Mera pour m'avoir proposé leur livre en SP via le site SimPlement.

J'en profite pour valider la catégorie n°82 Concernant la plume d'Antonio Lanzetta, je l'ai trouvée fluide et agréable,Nous sommes donc en Italie, un peu après la Seconde Guerre Mondiale. Bruno est un adolescent de treize ans, grand et fin, surnommé l'épouvantail par les autres enfants de l'orphelinat, dont il est le souffre douleur. Le traitement qui lui est infligé là-bas m'a hérissé ! Les enfants sont cruels entre eux, c'est bien connu, mais comment des adultes peuvent-ils faire de telles choses ?Mais, très vite, Bruno s'aperçoit que quelque chose ne va pas.
(Livre où un personnage parle avec un accent retranscrit) du Défi Lecture 2024.
Concernant la couverture, son côté sombre nous donne le ton en nous promettant une lecture angoissante. J'aime le fait que la petite fille soit de dos, c'est assez peu commun (du moins dans mes lectures), ainsi que la forêt floue en arrière plan. C'est simple, mais cela fonctionne.
angoissante à souhait, entre oppression, folie, fantastique, réalité et temporalité, avec une très légère pointe d'horreur. Il est décrit comme le Stephen King italien, et c'est vrai que j'ai retrouvé un petit quelque chose du king, dans l'ambiance glauque, la complexité de l'âme humaine et la façon de gérer son histoire. Une plume qui fonctionne à la perfection !
C'est néanmoins là-bas qu'il va faire la connaissance de Nino, un nouvel arrivant qui va prendre sa défense. Tous les deux vont devenir inséparables.
Au cours de l'été, ils vont tous les deux être embauchés par un riche propriétaire, Zeno Aloïa, pour s'occuper de son domaine, avec ses deux domestiques, Pia et Gennaro. C'est une belle opportunité pour eux. Surtout qu'ils sont accueillis avec gentillesse, ce qui les change grandement.
Il a une impression bizarre dès qu'il s'approche et entre dans la villa : les statues étranges qui l'entourent l'effrayent et il a la désagréable impression d'être épié. Sans compter que sa santé se détériore peu à peu : il a des maux de tête, il se réveille plus fatigué qu'avant s'être couché... Et que dire de Caterina, cette petite fille qui vit enfermée à l'étage ?

Antonio Lanzetta installe avec brio une atmosphère angoissante, lourde et anxiogène pour les personnages comme pour le lecteur. Il joue avec les limites de la réalité, du rêve et de la folie, du fantastique et du réel, du bien et du mal. Il brouille assez bien les pistes pour que le doute plane le plus longtemps possible (même si j'ai compris quelque chose d'important vers le quart du roman). Mais cela ne m'a pas fait bouder mon plaisir, parce que l'auteur avait encore bien des choses sous le coude, avec un suspense qui tient jusqu'à la dernière page.
J'aimerais vous en dire plus sur l'histoire en elle-même, mais ce serait vous spoiler, donc je vais me retenir. ;-)
Bruno m'a beaucoup touché par ce qu'il dégage. C'est un garçon solitaire, gentil et calme qui ne demande qu'à avoir des amis, une famille (même si vu son âge il a fait une croix dessus) et une petite vie tranquille. Il est plutôt timide et couard au début, mais ce qu'il va vivre va forger son caractère et lui donner plus de force et de courage. La compagnie de Nino, plus spontané, plus perspicace et avec plus de caractère, va aussi aider à l'endurcir un peu. Ils forment un duo complémentaire très agréable à suivre.
La temporalité m'a un peu dérangée, au tout début, parce que l'on commence en 2010, avec un Bruno adulte et grand-père. Puis, sans prévenir du changement de date, on passe au Bruno de treize ans. Et ce, plusieurs fois. Seuls les passages en 2010 sont datés. Dans les passages de l'après Seconde Guerre Mondiale, on revient aussi dans le passé du début des années 1900. Idem, sans mention de date. Je trouve ça un peu dommage, même si on se fait facilement aux changements de temporalité.


La fin m'a un peu fait douter et je me suis demandée si j'avais bien compris où voulait en venir l'auteur. Mais je la trouve néanmoins parfaitement adaptée à ce roman.
En résumé, j'ai passé un excellent moment entre les pages de ce livre qui n'est pas passé loin du coup de cœur et que j'ai dévoré en moins de vingt-quatre heures. J'ai adoré l'ambiance à la limite du roman noir gothique, un peu glauque, angoissante et mystérieuse qui nous réserve moult surprises, et où rien n'est tout noir ou tout blanc. On oscille entre réel et folie avec un côté fantastique sombre très plaisant, jalonné de secrets. Les personnages sont torturés, mais aussi très travaillés psychologiquement. Je recommande les yeux fermés.

Pour le dévorer, c'est par ici .