Ombres sur le Royaume T1 - François Casanova

Par Khiad

Une société futuriste qui tente d'éviter de reproduire les erreurs du passé.

Plusieurs milliers d'années après notre ère émerge une nouvelle civilisation dirigée par des femmes. Cette nouvelle société - démocratique - a constitué un gouvernement, et surtout une armée. La Reine, en fin de vie, cherche celle qui va lui succéder parmi de jeunes soldates fraîchement diplômées.
Cette société bien structurée fonctionne sereinement, jusqu'au jour où elle se sent en danger : des menaces intérieures visent la cohésion du pays ; des ennemis extérieurs obligent le Royaume à réfléchir à de nouveaux moyens de défense, sans reproduire les erreurs qui ont causé la perte de l'Ancien Monde. Et si les leçons tirées des précédentes civilisations avaient leurs limites ?
Ombres sur le Royaume nous transporte dans un futur fantasmé qui semble avoir résolu tous les problèmes des civilisations passées. Pourtant, dans les failles de ce monde loin d'être parfait, se dessine également le reflet de notre propre société...



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Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Mathieu ainsi que pour leur proposition des titres du mois de novembre. Concernant la plume de François Casanova, je l'ai trouvée fluide et agréable, sauf peut-être parfois au niveau des dialogues qui ne font pas toujours très naturels. L'auteur a su poser et expliquer son univers sans trop de lourdeurs et de façon non rébarbative. Je déplore cependant peut-être un petit manque d'action ainsi que l'absence d'accents sur les "À" et les "É", ainsi que celle des cédilles sur les "Ç".
(Livre dont le nom de l'auteur est le même qu'une personnalité décédée)
J'en profite pour valider la catégorie n°76 du Défi Lecture 2023 Concernant la couverture, je la trouve assez jolie, même si elle donne plus un ton médiéval que futuriste. J'aime cependant la façon dont rend la flamme de la bougie, prodiguant à la fois lumière et ombre, parce que l'une de va jamais sans l'autre.

Détrompez-vous cependant, nous ne parlons pas là d'un asservissement desC'est donc une reine qui gouverne et ce, jusqu'à sa mort. Enfin gouverner... Disons qu'elle est la gardienne de la Loi Fondamentale, cette loi intransigeante qui vise à empêcher de retomber dans les travers du passé. Même si elle est la figure majeure, et que les Ministres passent par elle pour avoir son avis, elle ne doit normalement pas se mêler des décisions politiques. C'est un personnage que j'ai beaucoup apprécié pour son humour, son recul, sa sagesse, sa façon de voir les choses et sa maîtrise des codes et des ruses.
Nous sommes donc dans une société futuriste, plusieurs milliers d'années après notre ère. Le monde moderne tel que nous l'avons connu n'existe plus et la plupart de la vie sur Terre a été annihilée par la Grande Catastrophe. Les Hommes se sont reconstruits petit à petit et se sont rendus compte que s'ils en étaient là, c'était à cause de la façon de "gouverner" des hommes. Il a donc été décidé de fonder une démocratie matriarcale.
hommes par les femmes. Elles ont certes les postes les plus importants, mais ce n'est pas pour autant que l'on ne peut pas voir quelques hommes à quelques postes prestigieux. La misogynie n'est plus d'actualité et les hommes vouent même une certaine admirations à certaines femmes, notamment les soldates et plus particulièrement celles qui sortent de l'ENA.

Les points de vue de tous ces personnages, ainsi que d'autres que je n'ai pas évoqués, vont venir un peu écailler le vernis de la perfection qui recouvre cette société matriarcale qui fait de son mieux pour ne pas reproduire les erreurs du passé. Mais à trop vouloir se protéger, ne se limite-t-on pas trop ?
La façon de la choisir est aussi intéressante. Il faut, bien entendu que cela soit une femme. Les deux autres conditions principales, sont qu'elle soit déjà mère et qu'elle sorte de la dernière promotion de l'ENA, qui forme les soldate de l'armée du Royaume.
Nous suivons donc plusieurs personnages dans leurs fonctions avec, entre autres, la Reine, la Première Ministre, la Ministre de la Défense, Ouisaul et Thétis qui sont des Soldates.... J'ai beaucoup apprécié ces trois dernières.

Ainsi, nous pourrons nous rendre compte que les lourdeurs administratives (voire l'incompétence) n'ont pas disparues. Les jeux de pouvoir, le report sur l'éducation du rôle des parents, la misogynie, la domination masculine par la violence et le racisme (du moins d'une certaine façon) non plus.
Parce que l'être humain est-il vraiment capable de reddition ou bien incapable d'apprendre de ses erreurs ? Dans tout troupeau, il y aura toujours au moins une brebis galeuse. Dans toute corbeille de fruits, il y en a toujours un qui se gâtera le premier et contaminera ses voisins.

Concernant la fin, elle laisse présager que beaucoup de choses peuvent
Malgré une lecture fluide, des personnages attachants, des intrigues politiques, un peu d'humour, une catastrophe naturelle, des menaces intérieures et extérieures, il m'a tout de même manqué un petit quelque chose pour entrer complètement dans cette histoire. Sûrement un peu d'action pour faire un peu bouger les choses qui restaient un peu trop... comment dire... plates pour moi. Pas par manque d'intérêt, mais j'aurais apprécié un peu plus de punch pour dynamiser le récit.
encore se passer, et que le tome suivant sera certainement moins calme que celui-ci.
J'ai adoré le petit appendice, à la toute fin. Il explique plus en profondeur certaines choses et et vraiment très intéressant.
En résumé, j'ai apprécié ma lecture, qui, sous couvert d'une société futuriste, nous parle des défauts de la nôtre et nous pousse à réfléchir à ce qui pourrait arriver si l'être humain continue sur cette voie. On y trouve aussi une question importante : l'être humain est-il vraiment capable de reddition ou bien incapable d'apprendre de ses erreurs ? Vouloir absolument éviter les mêmes erreurs est-il la bonne solution où cela n'est-il destiné qu'à retarder l'inévitable ?

Pour le dévorer, c'est par ici .