Un simple dîner de Cécile Tlili

Par Lettres&caractères

Avec Un simple dîner, Cécile Tlili signe son premier roman : un huis clos délicat dans lequel deux couples vont se révéler à travers leurs non-dits, leurs failles et leurs aspirations. 

Un simple dîner de Céile Tlili

Ça aurait pu être une pièce de théâtre, presque un vaudeville. Mais ça n’est ni drôle, ni léger. Juste tristement banal, comme une impression de déjà vu, de déjà lu ou pour certains de déjà vécu. Pour autant ce roman est en mesure de procurer un plaisir simple et immédiat à ceux que les relations humaines passionnent.

C’est le genre de livre vers lequel j’aime me tourner quand je veux faire une pause entre deux lectures plus exigeantes en temps ou en concentration. Ce simple dîner se lit d’une traite, il est calibré pour faire un bon film français, je ne serais d’ailleurs pas étonnée qu’il finisse sur grand écran. Mais il faut un ingrédient indispensable pour trouver de l’intérêt aux personnages de Cécile Tlili : être un peu psychologue dans l’âme. C’est d’ailleurs souvent le cas avec les huis clos où rien d’autre n’a d’importance que les interactions entre les personnages.

Elle se demande ce qu’elle fait là. Elle regrette la tranquillité de son banc. Elle ne se sent pas prête à affronter toute une soirée la politesse mielleuse d’Étienne, le malaise de Claudia ni la mauvaise humeur de Rémi à son égard.

Ici, il faut aimer cerner les personnalités, deviner les motivations des uns et les attentes des autres, observer les mécanismes intimes des couples parfaits en apparence et savoir repérer les rouages qui se grippent avant qu’ils ne fassent voler en éclat le vernis social. 

Quelque chose cloche dans ce dîner parisien très bobo. Les gestes des uns trahissent leurs pensées tandis que les silences des autres en disent long sur leurs intentions. On se pose beaucoup de questions, on s’offusque, on compatit, on condamne ou on comprend. Qui d’Etienne ou de Claudia, nos hôtes, ou de Johar et de Rémi, leurs invités, ont le plus à perdre ou à gagner ce soir ?  Vous ne le saurez qu’à la fin de ce huis clos à l’ambiance feutrée.


L’ESSENTIEL

Un simple dîner de Cécile Tlili

Un simple dîner
Cécile TLILI
Editions Calmann Levy en GF
Sorti le 23/08/2023 en GF 
192 pages

Genre : roman contemporain
Personnages : deux couples d’amis, Etienne et Claudia, les hôtes, et Johar et Rémi leurs invités
Plaisir de lecture :
Recommandation : joker
Lectures complémentaires : La femme muette de Mathieu Albaïzeta, La petite famille de Sophie Avon, Quatre amours de Cristina Comencini, Ordinary People de Diana Evans

RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR

« Dans le miroir de la salle de bains, elle se dévisage, et se voit telle que les amis d’Étienne vont la voir : une fille fade et gauche, une fille qu’il a choisie parce qu’elle ne risque pas de lui faire de l’ombre. »

Un soir de canicule, en août à Paris, deux couples se rejoignent pour dîner. La soirée aura lieu chez Étienne. Claudia, sa compagne, d’une timidité maladive, a cuisiné toute la journée pour masquer son appréhension. Johar et Rémi, leurs invités, n’ont pas l’esprit tranquille non plus. Autour de la table, les uns nourrissent des intentions cachées tandis que les autres font tout pour garder leurs secrets. L’odeur épicée d’un curry, une veste qui glisse d’un fauteuil, il suffit d’un rien pour que tout bascule.
Avec ce huis-clos renversant, Cécile Tlili interroge la place des femmes dans la société et tisse, avec délicatesse, une ode à l’émancipation et à la liberté.


TOUJOURS PAS CONVAINCU ?

3 raisons de lire Un simple dîner

  1. il est rapide à lire et l’écriture est plaisante
  2. il aborde des thèmes de société très actuels
  3. les personnages sont fouillés et l’autrice a su éviter de tomber dans la caricature

3 raisons de ne pas lire Un simple dîner

  1. c’est un peu fade, ça manque de caractère (avec quelques dialogues grinçants ou plein d’humour ça aurait pu faire des étincelles)
  2. il n’y a rien de nouveau sous le soleil, ce genre d’histoire a déjà été écrit mille fois
  3. ça aurait pu être davantage creusé, le thème sous-jacent s’y prêtait

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