Guy de Maupassant : Le Horla

Par Lebouquineur @LBouquineur

Guy de Maupassant (1850-1893) est un écrivain célèbre et journaliste littéraire français. Maupassant a marqué la littérature française par ses six romans, dont Une vie (1883), Bel-Ami (1885) et surtout par ses nouvelles comme Boule de Suif (1880), Les Contes de la bécasse (1883). La carrière littéraire de Maupassant se limite à une décennie, entre 1880 et 1890, avant qu’il ne sombre peu à peu dans la folie et ne meure peu avant l'âge de 43 ans.

Ces dernières semaines, le hasard certainement, j’ai vu mentionné comme référence Le Horla dans plusieurs articles ou dans des romans, un signe fort m’incitant à relire cette nouvelle. Il en existe deux versions, la première (1886) fait huit pages, la deuxième et définitive qui est toujours citée (1887) s’étend sur vingt-cinq pages. Cette nouvelle est célèbre car considérée comme le chef d’œuvre du conteur et sommet du récit fantastique. Ajoutons que cette histoire de folie trouve un puissant écho avec la fin tragique de l’écrivain.

Dans la première version, un médecin patron d’un asile d’aliénés, invite des collègues à écouter le récit délirant d’un de ses patients, tandis que dans la version définitive, le malheureux narrateur tient son journal et y note jour après jour l’évolution de sa pathologie.

Le héros habite une belle maison en bord de Seine près de Rouen avec ses domestiques. Il commence par se sentir bizarre, puis il a la sensation de ne plus être seul dans sa chambre. La nuit il fait des cauchemars, quelque chose rampe sur lui « sa bouche sur la mienne, buvait ma vie entre mes lèvres (…) puis il s’est levé, repu, et moi je me suis réveillé ». Folie, réalité, au matin sa carafe d’eau est vide alors qu’il est certain de ne pas avoir bu durant la nuit. Le malheureux ne sait plus, il tente des expériences, ferme sa chambre à clef, pose sur sa table de chevet une carafe d’eau enveloppée d’un linge blanc et se passe au noir les mains avant de s’endormir, au réveil la carafe est vide mais le linge parfaitement blanc !

Effrayé au possible, ne sachant plus que faire et comment vivre, le damné tente ce qu’il pense la manœuvre ultime, une dramatique initiative qui ne prouvera rien puisque la chose/l’être est invisible, une conclusion en découle, s’il ne peut la tuer elle…

La nouvelle est excellente, c’est acquis depuis longtemps. Elle est aussi intéressante puisque Maupassant est mort fou (troubles psychiatriques, symptômes neurologiques de la syphilis) et dans son texte il évoque la science de son époque, hypnose et autres pratiques en vogue alors. La montée en puissance de la pathologie touchant son héros passant par la paranoïa et les hallucinations crée une angoisse qui monte aussi crescendo chez le lecteur, car l’homme est-il vraiment fou ou bien est-il possédé par un Être nouvellement arrivé sur Terre chargé de détruire l’humanité ?

Une lecture impérative.