L'inconnue de Vienne

L'inconnue de Vienne

L’inconnue de Vienne - Robert Goddard

Éditions Sonatine (2022)
Traduit de l’anglais par Laurent Boscq

J’étais venu à Vienne pour la photographier. À cette période, c’était l’objectif de la plupart de mes déplacements. Faire des photos, c’était plus qu’un gagne-pain. Elles faisaient partie intégrante de ma vie. L’incidence de la lumière sur le réel ne cessait de nourrir mon imaginaire. Et la manière dont une seule image, un unique cliché, pouvait capturer l’essence même d’une époque et d’un lieu, d’une ville, d’une guerre ou d’une personne, était enracinée dans ma conscience. Un jour peut-être, l’espace d’une seconde, je déclencherais l’obturateur sur la photo parfaite. Tant qu’il y a une pellicule dans l’appareil, c’était toujours possible. Finir un rouleau, en charger un autre et continuer à regarder, les yeux grand ouverts : c’était ma règle, depuis pas mal de temps.

Ian Jarrett est photographe, une photo prise pendant la guerre du Golfe lui a donné pendant un temps une certaine renommée. Les années ont passé, le succès ne s’est pas renouvelé, son mariage bat de l’aile. Ce reportage à Vienne, où il remplaçait à la dernière minute un collègue indisponible, était imprévu, il n’en attendait pas grand-chose mais c’était son travail, alors il le ferait bien. Il n’imaginait pas qu’il allait y faire une rencontre qui bouleverserait sa vie.
Alors qu’il cherchait le meilleur angle pour photographier la cathédrale Saint-Étienne, une silhouette en manteau rouge pénètre dans le cadre et il appuie sur le déclencheur. Mais la femme qu’il a photographiée n’est pas d’accord et le fait savoir. Après un échange glacial, Ian la retrouve par hasard dans un café de la ville. Elle s’appelle Marian Esgard, son mari semble être un personnage important et c’est pour cela qu’elle fuit les photographes. Même si elle reste très mystérieuse sur les raisons de son séjour à Vienne, ou peut-être à cause de cela, Ian est très rapidement attiré par elle et il semble que ce soit réciproque. Ils se laissent entrainer dans une passion immédiate et torride, décident de quitter leurs conjoints respectifs et prévoient de se retrouver quelques jours plus tard à Londres. Mais lorsque Ian va au rendez-vous, après avoir rompu avec sa femme, pas de trace de Marian. Au fil des jours, ses tentatives pour la retrouver échouent, comme si la jeune femme n’avait jamais existé.

 

Les péripéties ne manquent pas dans ce nouveau roman de Robert Goddard. Les recherches de Ian pour retrouver la femme rencontrée à Vienne vont le faire voyager dans l’espace et dans le temps, aux premiers pas de la photographie en Angleterre. Comme d’habitude chez Goddard, le héros est un homme faible, dépassé par des évènements qu’il ne comprend pas, soumis aux conséquences de mauvaises décisions, certes, mais ballotté dans une intrigue dont d’autres tirent les fils et qu’il va mettre du temps à découvrir. Il y a d’ailleurs une belle palette de « méchants » dans cette intrigue, l’auteur s’est régalé, à mon avis !
 

Par moment, je me suis demandé comment l’auteur allait se sortir d’une histoire aux limites du possible, puisque l’un des personnages semble sujet à des phénomènes de réincarnation mais je dois reconnaître que Goddard s’en sort très bien, même si les rebondissements sont peut-être trop nombreux pour être crédibles. Mais il n’y a pas de limites aux noirceurs de l’âme humaine, surtout quand la folie n’est pas loin.
 

Un roman divertissant, qu’on ne lâche pas, après tout c’est ce que j’attends de ce genre d’histoire. Alors ne boudez pas votre plaisir, vous en aurez pour votre argent !