Varney the Vampire, de Thomas Pecket Prest

142Résumé : L’histoire relate la lutte entre la famille Bannerworth et leur voisin, le sinistre Sir Francis Varney, qui veut faire main basse sur leur demeure pour une raison inconnue de tous. Le personnage est d’autant plus étrange qu’il pourrait bien être un vampire et que ses mobiles sont à eux seuls un mystère…

Mon avis : Le premier point qui saute aux yeux est qu’on retrouve ici une ambiance gothique sublime, entre mystère et surnaturel, autant dans le récit que dans son style.

On ignore si Varney est un vrai vampire ou un fou qui pense l’être. On reste entre deux mondes à chaque fois, à se demander si oui ou non on a affaire à une histoire fantastique. Ce n’est pas toujours quelque chose que j’apprécie, mais en l’occurrence le dosage est très réussi et prenant.

Le mythe du vampire est d’ailleurs « revisité » à plus d’un titre. Je veux dire par là qu’on trouve des caractéristiques assez différentes de ce qu’on peut trouver de nos jours. Ainsi, Varney se régénérerait à la lumière de la lune, ce qui explique ses sorties nocturnes. Le soleil ne lui fait d’ailleurs rien, ce qui est à vrai dire une « norme » chez les vampires originaux (Carmilla pas plus que Dracula ne fuit le jour, à l’origine). Ce critère est apparu bien plus tard, et s’est répandu au point d’effacer de la mémoire collective sa récence. Ainsi, Varney n’est peut-être pas très original, remis dans son contexte, mais d’un point de vue moderne, il sort du lot et de loin.

L’histoire est assez moderne a bien des degrés d’ailleurs (admirez la jolie transition). Certains passages m’ont ainsi fait penser à des films très récents, comme Saw (non pas pour le côté gore, mais pour l’idée d’emprisonner quelqu’un ou encore pour les « méchants » de l’histoire, qui se révèlent plus nombreux que prévu et laissent au passage quelques retournements de situation bien sympathique). Sur ce point, je m’avance un peu car il me semble que le passage auquel je fais référence est en fait dans le tome 2. Mais j’ai lu les 2 (toujours pas terminé le deuxième toutefois) il y a quelque temps et ai oublié où finit l’un et où commence l’autre.

Par ailleurs, les personnages sont tous sympathiques bien qu’ils pourraient être un peu plus fouillés.

En revanche, l’histoire est trop longue. Etant à l’origine publiée chapitre par chapitre dans un journal, l’auteur a du rallonger la sauce plus d’une fois. Ce qui donne certains passages assez originaux pour l’époque (comme les villageois sur la fin qui se rebellent et marchent dans les rues en quête d’un vampire à tuer, à l’image des films Frankenstein). Mais qui lasse aussi par moments tant certaines histoires sont laissées en suspens longtemps, trop longtemps.

De plus, il n’existe aucune traduction française complète malheureusement. J’ai eu la chance de pouvoir lire les 4 premiers chapitres traduis dans un recueil de nouvelles vampiriques mais ai dû poursuivre en anglais pour connaître la suite. N’ayant rien d’un bilingue, je me doute que j’ai ainsi loupé pas mal de subtilités et que ça ne m’aide pas à poursuivre ma lecture, qui est ainsi bien plus laborieuse qu’en français. Ce point n’est pas de la faute de l’auteur, bien entendu, mais j’ai pensé utile de le préciser. Un tel classique devrait renaître et avoir la traduction qu’il mérite à mes yeux.

En bref, j’ignore si j’aurais la motivation de terminer cette trilogie, à cause de ses chemins détournés trop nombreux et surtout parce qu’il n’existe aucune VF et que la lecture VO, aussi plaisante soit-elle, n’est pas forcément ce que je préfère. D’autant plus qu’il s’agit donc là d’un anglais du 19e siècle, quelque peu différent de celui qu’on apprend en cours donc. Pas qu’il soit plus compliqué, je le trouve même plus proche du français dans la construction des phrases que l’anglais actuel, mais tout serait bien plus simple et prenant dans ma langue, je dois bien l’avouer.

Varney the vampire reste un classique vampirique trop souvent oublié à mon goût. Il vaut assurément le détour. Les anglophobes devraient donc se jeter dessus. Pour les non bilingues, j’ai espoir qu’un jour un éditeur français décidera de ressortir cette petite perle de sa tombe. D’ici là, je ne pourrais jamais assez inciter les fans de vrais vampires à se renseigner sur le sujet.

Détail particulier : On ignore qui est l’auteur de cette œuvre. On l’attribut ainsi alternativement à Thomas Pecket Prest et à James Malcolm Rymer. Savoir lequel des deux est le vrai créateur de Varney, ou même s’il s’agit d’un troisième auteur, restera à jamais un mystère insoluble.

Murphy